🎬 Épisode 4 – La signature de la convention de rupture
- SASD

- 19 sept.
- 5 min de lecture
La rupture conventionnelle peut sembler intimidante, mais il s'agit en réalité d'une démarche structurée permettant à un employeur et à un salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) de se séparer d'un commun accord.
C'est une alternative négociée au licenciement ou à la démission.
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1. La Base de l'Accord : Le Formulaire Officiel
1.1. Qu'est-ce que le formulaire de rupture conventionnelle ?
La convention de rupture n'est pas un simple document rédigé librement ; elle doit être établie sur le formulaire officiel "rupture conventionnelle d'un contrat de travail à durée indéterminée et formulaire de demande d'homologation" (Cerfa n° 14598*01). Ce document standardisé est essentiel car il contient non seulement les termes de votre accord, mais il sert également de demande d'homologation auprès de l'administration, qui doit valider la rupture.
1.2. Où le trouver et comment l'utiliser ?
Vous avez deux options principales pour obtenir et remplir ce formulaire. Chacune présente ses avantages :
• Téléchargement direct Le formulaire est disponible en téléchargement sur les sites officiels du gouvernement, comme www.service-public.fr. Cette option vous permet de le remplir manuellement.
• Saisie en ligne (TéléRC) Le portail www.telerc.gouv.fr permet de saisir directement les informations en ligne. Bien que cette option ne soit pas obligatoire, elle est fortement recommandée pour trois raisons clés :
1. Qualité du dossier : Le service en ligne vous guide et limite les erreurs de saisie.
2. Rapidité de traitement : Un dossier rempli en ligne est traité plus rapidement par l'administration.
3. Preuve d'homologation : Le téléservice vous permet de télécharger et d'imprimer une attestation d'homologation lorsque celle-ci est acquise de manière implicite (c'est-à-dire par le silence de l'administration). C'est un document précieux pour justifier la rupture auprès d'organismes comme Pôle emploi.
1.3. L'importance des trois exemplaires
Il est fondamental d'établir la convention en trois exemplaires originaux, signés par les deux parties. Chaque copie a une destination précise :
1. Pour l'employeur : Il conserve un exemplaire pour ses archives.
2. Pour le salarié : Vous devez impérativement recevoir votre propre exemplaire. C'est une condition de validité de l'accord.
3. Pour l'administration : Le troisième exemplaire est envoyé à l'autorité compétente pour la demande d'homologation.
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2. Le Cœur de l'Accord : Les Clauses de la Convention
2.1. Les Éléments Obligatoires : Ce qui doit y figurer
Le formulaire Cerfa encadre le contenu de l'accord, qui doit impérativement mentionner deux points essentiels :
• Le Montant de l'Indemnité Spécifique Il s'agit de la somme d'argent que l'employeur s'engage à vous verser. La règle d'or est simple : ce montant ne peut jamais être inférieur à l'indemnité légale de licenciement à laquelle vous auriez eu droit.
• La Date de Rupture du Contrat C'est la date à laquelle votre contrat de travail prendra fin officiellement. Attention, cette date ne peut pas être choisie complètement librement : elle ne peut intervenir, au plus tôt, que le lendemain du jour de l'homologation par l'administration.
2.2. Les Éléments Facultatifs : Ce qui peut être négocié en plus
Au-delà des clauses obligatoires, la convention de rupture est un espace de négociation. Vous pouvez y ajouter des clauses annexes pour régler des points spécifiques et sécuriser vos droits.
Clause Facultative | Son Intérêt pour le Salarié |
Clause de non-concurrence | Si votre contrat de travail en contient une, la convention peut préciser si l'employeur renonce à cette clause (vous libérant de toute contrainte après votre départ) ou la maintient. Si elle est maintenue, la contrepartie financière doit vous être versée. Pour certaines professions, des conventions collectives peuvent même imposer que la renonciation soit obligatoirement mentionnée dans l'accord de rupture pour être valide. |
Droit à la formation (CPF) | Les positions des cours d'appel divergent sur l'obligation de l'employeur de vous informer de vos droits. Pour éviter tout litige et sécuriser vos acquis, il est crucial de faire mentionner explicitement dans la convention le nombre d'heures acquises au titre du Compte Personnel de Formation (CPF). Cela vous protège contre une perte potentielle de vos droits. |
Autres avantages | La négociation peut porter sur d'autres éléments, comme une aide au reclassement professionnel (un "outplacement") financée par l'entreprise ou la conservation de matériel (ordinateur, téléphone...). |
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3. Le Déroulement : De la Signature à la Validation Finale
3.1. Étape 1 : La Signature de la Convention
La signature est un moment clé qui obéit à des règles précises pour garantir le consentement de chacun.
1. Datez et signez le document La date de signature est cruciale car c'est elle qui déclenche le délai de rétractation. Bien que son absence ne soit pas toujours jugée comme un vice fatal, la pratique recommande fortement d'ajouter la mention manuscrite "Lu et approuvé" avant votre signature. C'est une précaution essentielle qui renforce la preuve de votre consentement éclairé et permet d'éviter toute contestation future.
2. Aucun délai d'attente n'est imposé La loi n'impose pas de délai entre l'entretien et la signature. Vous pouvez donc signer la convention le jour même de l'unique entretien. Soyez cependant vigilant : une signature trop précipitée pourrait être interprétée par un juge comme un signe que votre consentement a été vicié.
3. Exigez votre exemplaire La remise d'un exemplaire signé de la convention est une obligation absolue pour l'employeur. Cette règle existe pour une raison fondamentale : elle vous garantit la possibilité d'exercer votre droit de rétractation en toute connaissance de cause et permet à chaque partie de demander l'homologation. Sans cet exemplaire, la convention est nulle. La preuve que ce document vous a bien été remis repose sur l'employeur.
3.2. Étape 2 : L'Homologation par l'Administration
Une fois signée et après l'écoulement du délai de rétractation, la convention doit être validée par l'administration (la DREETS). C'est ce qu'on appelle l'homologation.
• L'une des parties (généralement l'employeur) envoie un exemplaire du formulaire.
• L'administration dispose d'un délai de 15 jours ouvrables (hors week-ends et jours fériés) à compter de la réception de la demande pour se prononcer.
Il y a alors deux issues possibles :
• Homologation explicite : L'administration vous envoie une notification officielle d'acceptation.
• Homologation implicite : Si l'administration ne répond pas dans le délai de 15 jours, le silence vaut acceptation. La convention est alors automatiquement validée.
3.3. Étape 3 : La Date de Rupture Effective du Contrat
La règle concernant la date de fin de contrat est fondamentale et ne peut être ignorée.
La rupture du contrat de travail ne peut intervenir, au plus tôt, que le lendemain du jour de l'homologation.
Concrètement, cela signifie que :
• Si la date de rupture que vous aviez fixée dans la convention se trouve être antérieure au lendemain de l'homologation, cette date est simplement reportée. Cela n'annule pas la convention, mais un juge peut rectifier la date si nécessaire.
• Si vous aviez convenu d'une date de rupture bien postérieure à l'homologation, c'est cette date lointaine qui s'applique. Le contrat se poursuit normalement jusqu'à cette date.
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4. Points de Vigilance Essentiels pour le Salarié
Pour aborder une rupture conventionnelle sereinement, gardez en tête ces trois conseils critiques :
1. Ne partez jamais sans votre exemplaire. C'est la clé de voûte de la procédure. Cet exemplaire signé vous garantit de pouvoir exercer votre droit de rétractation et conditionne la validité même de l'accord. C'est à l'employeur de prouver qu'il vous l'a remis.
2. Vérifiez le montant de l'indemnité. Assurez-vous que la somme proposée n'est pas inférieure au montant minimum de l'indemnité légale de licenciement. C'est un minimum non négociable.
3. Comprenez bien la date de signature. Cette date est primordiale. Elle doit être clairement écrite sur le document, car c'est elle qui lance le compte à rebours de 15 jours pendant lequel vous (ou votre employeur) pouvez changer d'avis et vous rétracter.


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